Il
est né le 6 octobre 1888 à Saint- Denis de la REUNION,
où il passe ses premières années. A 4 ans
il part pour la Cochinchine et il y reste jusqu'à ses
11 ans et c'est le départ pour Paris afin d'effectuer
des études au Collège Stanislas, mais malade il
part pour Cannes où les médecins ont peu d'espoir
de le sauver. Mais le sport va réussir là où
la médecine avait échoué, il pratique la
bicyclette, le football et le tennis. Complètement guéri
il retourne à Paris, où il achève ses études
au Lycée Janson de Sailly et devient même, en 1906,
champion de France Interscolaire de bicyclette. |
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Après
son baccalauréat il obtient le diplôme de l'école
des Hautes Etudes Commerciales et poursuit en même temps
des études de droit.
Depuis son plus jeune âge il rêve de voler et cela
devient pour lui une obsession à laquelle il ne résistera
plus après avoir vu Blériot, Latham, Harman et
Curtiss rivaliser d'audace au meeting de Reims en août
1909.
Un avion ça
coûte très cher ; pour gagner de l'argent il s'occupe
d'une affaire de vente de voitures automobiles Grégoire.
Il peut enfin s'acheter son premier aéroplane, une Demoiselle
CLEMENT-BAYARD. Hélas, à sa première sortie,
il avait à peine parcouru 30 mètres, qu'un immense
biplan, piloté par Maurice CLEMENT lui coupe son appareil
en deux. Par miracle Roland Garros n'est même pas blessé,
mais Monsieur CLEMENT lui remplace son appareil.
Comme à l'époque les écoles de pilotage
n'existaient pas encore ; Roland Garros apprend à voler
en observant les autres et en écoutant les conseils de
pilotes expérimentés, notamment AUDEMARS et MOISANT,
le fameux aviateur canadien, qui réussit le premier voyage
PRIS - LONDRES avec un passager. Puis Roland Garros participe
aux exhibitions de CHOLET et RENNES. Entre les deux il obtient
son brevet de pilote le 19 juillet 1910 (n°146 de l'Aéro-Club
de France).
Peu après,
il achète la dernière " Demoiselle "
construite par Santos Dumont lui-même : un superbe oiseau
de bambou et de soie blanche. Quelques jours plus tard, en survolant
le Château de Versailles, c'est la panne et Garros doit
se poser en catastrophe sur l'avenue de Paris. Sous la violence
du choc l'avion est détruit et Roland Garros s'en sort
avec une fracture du coccyx et quelques contusions. Au bout de
dix jours il est de nouveau sur pied et 4 semaines après
son accident, il remporte le prix récompensant le 1er
vol SAINT-MALO / DINARD à bord de sa " Demoiselle
" qu'il avait fait reconstruire.
En octobre 1910,
il signe son engagement en même temps qu'AUDEMARS et plusieurs
atres pilotes, dans la " Moisant's International Aviators
LTD ", compagnie dirigée par son ami Jonh MOISANT
et son frère et dont le but est d'organiser une série
d'exhibitions aériennes à travers toute l'Amérique.
Il parcoure ainsi les Etats-Unis, le Mexique puis Cuba. De retour
en France avec AUDEMARS il participe aux grandes courses de 1911
: Paris / Madrid, Paris / Rome ..
Puis le circuit Européen, la plus grande épreuve
organisée à ce jour, qui comporte 9 étapes
à travers la France, la Belgique, la Hollande et l'Angleterre.
41 pilotes au départ, mais la course tourne au duel entre
Garros et André CONNEAU. Au terme d'un parcours de 2500
km comprenant une traversée de la Manche dans les deux
sens, celui-ci se pose à Vincennes avec 5 minutes d'avance
sur Garros, qui fait figure d'éternel second. Seuls 9
pilotes franchissent la ligne d'arrivée. Mais Roland Garros
veut sa revanche : il l'obtient en septembre 1911 à Dinard,
en battant le record mondial d'altitude. A Houlgate l'année
suivante, sur Blériot spécial, il atteindra 4900
mètres. Le 11 décembre 1912, il battra le nouveau
record d'altitude au large de Carthage sur Morane-Saulnier, avec
5610 mètres .
Le 23 septembre
1913, Garros accomplissait dans les plus audacieuses conditions
la traversée de la Méditerranée, d' "
un seul coup d'aile ", de France en Afrique, son appareil
était un modeste monoplan MORANE-SAULNIER type H, équipé
d'un moteur GNOME de 60 CV. Il ne disposait d'aucun flotteur.
Parti de Saint-Raphaël
à 5 heures 47 avec 250 litres d'essence, il passait vers
7 heures au large de Calvi, à 10 heures 45 sur Cagliari.
A l'atterrissage à Bizerte il ne lui restait que 5 litres
d'essence. La traversée de 730 kilomètres dont
plus de 500 au-dessus de l'eau, avait durée 7 heures 53.
Mais la 1ère
guerre mondiale éclate. Désormais, " on ne
vole plus pour voler, on vole pour défendre le ciel de
la patrie ". Bien que n'étant pas mobilisable parce
qu'il est né à la Réunion, Roland Garros
s'engage dans l'aviation dès les premiers jours du conflit.
Il effectue des missions de reconnaissance, puis très
vite, il se rend compte qu'il faut perfectionner l'armement des
avions. De novembre 1914 à mars 1915, il travaille avec
l'ingénieur Raymond SAULNIER à la mise au point
du tir des mitrailleuses à travers l'hélice. En
quelques jours, sur son MORANE, équipé d'une hélice
blindée, il devient le principal AS français, abattant
trois appareils allemands sur les sept que notre aviation a à
son actif depuis le début de la guerre.
Malheureusement, le 18 avril 1915, jour de sa 3ème victoire,
son moteur est endommagé par des balles, alors qu'il bombarde
- à la main ! - un train à basse altitude près
de Courtrai.
Garros doit se
poser en territoire ennemi. Il tente, sans succès, d'incendier
son appareil
Double désastre ! Il est fait prisonnier
et le secret de son avion est découvert par les allemands,
qui le perfectionneront grâce au constructeur Antony FOKKER
.
Une nuit dans
sa prison de ZORNDORF, il entend le bruit d'un avion. Il se précipite
à la fenêtre pour le voir. Plus tard, il saura que
c'était le NIEUPORT du pilote français MARCHAL,
qui venait de lancer des tracts appelant à la paix. 100
km avant d'atteindre les lignes russes, son moteur tombe en panne
: il est pris et se retrouvera avec Garros à la prison
de MAGDEBOURG. Les deux hommes se lient d'amitié.
Marchal parlant parfaitement la langue germanique, ils parviennent
à s'évader, déguisés en officiers
allemands, le 14 février 1918 en passant par la frontière
hollandaise. Enfin libre après 3 ans de captivité
!
A son arrivée
en France Roland GARROS est promu Officier de la Légion
d'Honneur.
Très affaibli, Garros est envoyé se reposer dans
le midi, dès que son état s'améliore, il
rejoint l'école d'acrobatie de PAU, puis l'école
de tir de CAZAUX. Enfin, le 20 août 1918, malgré
les autorités qui voulaient l'affecter au Service des
Fabrications, il retrouve son ancienne escadrille, la 26, à
HETOMESNIL, près de BEAUVAIS.
L'escadrille
est équipée de SPAD XIII à moteur HISPANO
SUIZA 200 CV, les meilleurs avions de chasse de l'époque.
Avec l'aide des pilotes tels que René FONCK et le capitaine
SERVIN, il reconquiert sa place au sein du groupe de chasse 12,
le fameux groupe des Cigognes. Le 2 octobre, il obtient sa 1ère
victoire depuis son évasion, il se porte volontaire pour
toutes les missions. Hélas, 3 jours plus tard, le 5 octobre
1918, alors qu'il effectuait une patrouille avec le Capitaine
de SERVIN , il est entraîné à l'intérieur
des lignes allemandes dans un combat avec 6 FOKKER. Les deux
équipiers sont séparés. Nul ne reverra Roland
GARROS vivant.
Les allemands
le découvriront dans l'épave de son avion, près
de VOUZIERS, et lui rendent les derniers honneurs. Personne chez
les aviateurs aux croix noires ne revendiquera cette victoire.
Ainsi disparaissait
celui qui restera une des plus nobles figures de l'aviation française,
quelques semaines avant l'armistice du 11 novembre 1918 qui mit
fin aux premier conflit mondial. |