UNE PRODIGIEUSE CARRIÈRE:
GEORGES LIBERT
par J. NOETINGER
Georges LIBERT s'est éteint le 3 janvier
2002 à Rouvres (Eure) à 92 ans.
La génération d'après-guerre à Air
France sait le prestige dont jouissait Georges Libert car il
y fit une carrière prestigieuse de 1945 à 1970.
D'abord moniteur, compte tenu de son expérience, il entraînait
les jeunes pilotes aux approches radio guidées tout en
dispensant des cours théoriques de navigation.
Mais étant commandant de bord, il pilote le DC4 entre
Dakar et Rétif lors de la réouverture de la ligne
"Atlantique Sud" en juin 1976 avant d'entraîner
de nouveaux équipages entre Récif et Buenos-aires.
Dès l'arrivée des premiers "Constellation"
dont il pilotera tous les types, il est "lâché"
sur l'Atlantique Nord par André Chatel. Un peu plus tard,
en pleine nuit, entre Shannon et Gander, pris dans une zone de
givrage intense non prévue par la météo,
l'avion soudain couvert de glace prenait du poids, perdait vitesse
et altitude et consommait beaucoup plus. La situation devenait
angoissante.
Finalement, c'est au ras de l'eau
que se trouvait l'isotherme zéro ! La glace lancée
par les hélices "bombardait" littéralement
le fuselage, les bords d'attaque se libéraient de leur
carcan. Le "Constellation" reprenait sa puissance,
le drame était évité mais en se posant de
justesse à Gander, les réserves d'essence étaient
épuisées.
En 1947 Libert est nommée chef du Personnel Navigant de
la Compagnie Nationale. Le 6 avril 1947, au retour de New-York,
il a à son bord Vincent AURIOL, Président de la
République, revenant de son voyage officiel aux Etats-Unis,
accompagné du Président d'Air France, Max. HYMANS,
de Maurice SCHUMAN, etc...
Or Georges Libert vient d'être
promu Officier de la Légion d'Honneur. En plein ciel,
survolant l'Atlantique, le Président Auriol décore
Libert !
Si le rôle de commandant de bord occupe beaucoup le chef
du PN, cette tâche n'est pas limitative. Georges Libert
se rend en Grande-Bretagne pour faire la connaissance du tout
nouveau quadriréacteur "Comet" qu'il est un
des premiers pilotes français à piloter en compagnie
du chef pilote John Cunninghan, chef pilote d'essais chez de
Havilland, en 1955.
Son jugement que l'on sait, toujours objectif, est apprécié
comme le fut le compte-rendu de vol qu'il fit sur le SE.161 "Languedoc"
à la suite des vols qu'il fit avec Pierre Nadot en 1946.
En raison de ses responsabilités, Georges Libert a souvent
à se mesurer avec les syndicats mais son sens de la diplomatie
et son souci de conciliation lui valent l'estime sans réserve
des syndicalistes qui, lorsqu'il quittera ses fonctions, lui
témoigneront leur attachement et leur reconnaissance en
lui offrant un superbe chronographe.
En 1956 en tant que chef du PN,
il s'oppose courageusement à la direction, suite au licenciement
de plusieurs commandants de bord. Il ne peut admettre l'injustice.
Le Président Hymans, qui pourtant lui fait confiance,
ne cède pas.
Libert fait un procès à la compagnie et le gagne
mais son honnêteté l'entraîne à donner
sa démission de chef PN.
Le Président lui gardant
cependant son estime, lui confie la mission d'assurer le bon
fonctionnement de la nouvelle liaison New-York - Mexico en le
nommant responsable du bureau d'Air France au Mexique.
Il y demeura deux ans. En 1959, il est affecté au bureau
de New-York pour les relations avec Boeing lors de la phase préparatoire
des livraisons des premiers quadriréacteurs 707 qui seront
mis en service à Air France à partir du 31 janvier
1960.
De retour en France, Georges Libert se consacrera pendant dix
ans au réseau Long courrier d'Air France comme comandant
de bord sur Boeing 707 avant de prendre sa retraite de pilote
de ligne le 1er janvier 1970.
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