L’historique des vieilles tiges
Les Vieilles Tiges « Une association loi 1901, reconnue d‘utilité publique le 25 août 1926, fondée par des pionniers au service de l’Aviation »
Après l’armistice nombre de pilotes démobilisés gardent la nostalgie de cette période héroïque et en 1920 certains d’entre eux sous l’impulsion de Léon Bathiat, Joseph Frantz, Joseph Sadi-Lecointe, Paul Schneider et Jean-Claude Bernard décident de former une amicale qu’ils dénomment «Les Vieilles Tiges», titre populaire revendiqué avec fierté et justifié en ces termes par le Président fondateur dans une déclaration à Charles Girod, en juin 1946 « Ne cherchez pas le sens étymologique. Nous vivions alors une époque où l’aviation entrait dans la société. Avec des mots de Paris : ma vieille branche ! ma vieille tige !..Voilà ! .Nos souvenirs, nos émotions, étaient attachés à une époque où l’invention, le cran, le génie, la foi étaient rois. J’étais heureux de l’avenir que nos essais avaient ouverts à l’aviation…” Ce groupement de pionniers, qui avait réalisé le rêve d’Icare en apportant à l’aviation naissante leurs idées, leur expérience, leur argent et leur héroïsme, s’était fixé pour objectifs principaux, outre l’entraide, la propagande et la diffusion de la flamme aéronautique chez les jeunes afin de perpétuer la vocation pour la carrière des ailes. A cette époque héroïque au siège de l’association installé en 1926 au 1er étage puis en 1951 au 2ème étage du restaurant « 1’Orée du Bois de Boulogne » dans le 16ièm arrondissement de Paris, les pionniers, dont certains étaient des constructeurs, échangeaient dans une atmosphère conviviale sur les joies du pilotage, les records, l’avenir de l’aviation mais aussi sur les amis disparus. On pouvait d’ailleurs admirer dans la salle de réunion des portraits et des tableaux permettant de se remémorer les premiers envols de pilotes audacieux à bord de frêles aéroplanes depuis les champs d’aviation. L’Association tiendra ses conseils d’administration et accueillera les visiteurs Porte Maillot jusqu’au 16 décembre 1999, où un incendie criminel détruira le local et une grande partie de ses archives. La Mairie de Paris relogera ensuite temporairement l’association qui s’installera dans divers locaux avant, en raison du coût élevé des loyers, d’être accueillie au sein de l’Aéroclub de France sans toutefois disposer de local en propre.
Il faut aussi se souvenir que pour renforcer l’efficacité des actions visant à l’amélioration des conditions morales et matérielles des membres de la famille aéronautique, les Vieilles Tiges firent partie en 1937, aux côtés des Vieilles Racines et des Ailes Brisées, des dix associations fondatrices de l’Union des Œuvres de Bienfaisance de l’Aéronautique présidée par René Corbin alors directeur de cabinet du Ministre de l’Air Pierre Cot et Président de la FOSA (Fondation des Œuvres Sociales du ministère de l’Air). Durant la seconde guerre mondiale l’Association des Œuvres de l’Air prolongera l’action de l’Union de Bienfaisance en accompagnant la création de l’Ecole de Pupilles de l’Air à Grenoble mais en novembre 1946 elle sera dissoute ainsi que la Caisse de Secours de l’Aéronautique en mars 1951. Les fonds de celle ci furent répartis entre les Vieilles Tiges et les Ailes Brisées dont les ressources servent aux familles des victimes des personnes décédées en service aérien commandé.
En consultant l’annuaire des Vieilles Tiges de 1929 on note que 176 membres sont morts au Champ d’Honneur, 218 sont morts accidentellement et 149 sont décédés. Aussi, à la fin de l’année 1960, même si la flamme et la passion avaient été entretenues, il ne restait plus que 168 survivants parmi les 1754 pilotes brevetés par l’Aéro-club de France avant la première guerre mondiale et ce dernier carré qui avait fait de l’aviation la passion de toute leur vie décida de continuer à faire vivre l’association en accueillant les jeunes pilotes puis tous les navigants. Parallèlement dès les années cinquante l’Association avait créé des groupements régionaux portant le nom de baptême d’un aviateur régional célèbre (Aix-Marseille, Bordeaux, Caen « Jean Damico », Le Havre « Marc Bucaille », Lille « Edouard Delozanne », Limoges « Martial Valin », Lyon « Joseph Dumas », Nantes, Nice, Pontivy « Joseph Le Brix », Toulon, Toulouse « Didier Daurat », Troyes « Léon Darsonval ») et elle s’ouvrira progressivement à plusieurs catégories d’adhérents ayant des activités en rapport avec les différents secteurs de l’aéronautique civile et militaire, tout en respectant les objectifs fixés par les fondateurs. Ces membres sont respectivement : Les précurseurs (les grands anciens) ; les pionniers (plus de 30 ans de brevet de pilote ou d’équipage technique d’un avion ou de tout autre aéronef) ; les actifs (moins de trente ans de brevet de pilote ou de membre d’équipage) ; les associés (veuves, ascendants ou descendants d’anciens membres de l’association et personnes qui, par leur action, ont particulièrement œuvré pour le développement de l’Aéronautique ou des Vieilles Tiges) ; les membres d’honneur et les membres bienfaiteurs. Une « caste » à part est constituée par les pilotes du demi-siècle qui sont titulaires d’un brevet de plus de 50 ans et dont les qualifications sont toujours valides.
Aujourd’hui le nombre de groupements régionaux des « Vieilles Tiges d’hier et de demain » a été ramené à 11 (Paris « Léon Cuffaut », Lyon « Antoine de Saint Exupéry », Caen « Georges Guynemer », Cambrai « René Mouchotte », Aix-Marseille « Marc Ambrogi », Bordeaux « Léon Bathiat », Toulon « Pierre Pouyade », Nice « Roland Garros », Nantes « René Bazin », Valenciennes « Charles Nungesser » et Grenoble « Marcel Collot ») mais les membres bénévoles, toujours passionnés, ont conservé l’esprit de ses fondateurs et ils perpétuent les causes qui nous sont chères, savoir faire vivre la mémoire de nos anciens, diffuser la culture aéronautique, développer les liens de camaraderie et de solidarité tout en attirant les jeunes via l’attribution de bourse afin que les « Vieilles Tiges » refleurissent et se perpétuent. L’association a publié en 2020 à l’occasion de son centenaire un ouvrage destiné à valoriser le patrimoine légué par nos ainés.