Lieutenant-colonel Robert DEMOUGEOT

 

Robert Demougeot est né le 12 février 1934 à Emilia en Algérie. Après ses études secondaires il s’engage à 20 ans dans l’Armée de l’Air et il choisit la spécialité de contrôleur d’opérations aériennes.

En 1957/58 il participera à l’expérimentation opérationnelle du radar RAMOLO (RAdar MObile LOurd). Le 01 septembre 1964 il sera admis à l’Ecole Militaire de l’Air et au cours de son séjour à Salon il obtiendra en mars 1965 son brevet de parachutiste militaire. L’année suivante il s’initiera au vol à voile à Dole Tavaux.

En 1972 promu Capitaine, il commandera un escadron de contrôle et il effectuera alors de nombreux vols sur Broussard pour des missions de calibration basse altitude radar et radio ainsi que des vols d’information sur KC 135.

En 1978 il est nommé Commandant et devient contrôleur de zone. Il participera l’année suivante à l’expérimentation de l’intégration de la détection AWACS dans le système STRIDA.

En 1982 il est promu lieutenant-colonel et il quittera le service actif en février 1986 après 31 années de service et 240 heures de vols sur différents types d’appareils en qualité de contrôleur d’opérations aériennes. De 1965 à 1986 il aura occupé successivement les postes d’officier contrôleur puis de commandant d’escadron opérationnel notamment à la BA 901 de Drachenbronn et à la BA 942 de Lyon Mont Verdun puis de chef des opérations au sein de la BA114 d’Aix en Provence. Il terminera sa carrière en qualité de chef de bureau « Affaires aéronautiques » au SGDN.

De 1986 à 1988 il travailla à la direction de l’implantation opérationnelle d’une chaine radar basse altitude Thomson à Doha au Qatar. Alors qu’il était réserviste au SGDN il adhéra à l’ANORAA et à partir de 1989 il occupa la fonction de secrétaire général jusqu’en 1997 avant d’être élu Président du secteur lyonnais puis d’occuper de 2004 à 2007 la fonction de Président régional Rhône Alpes. En 2012 il est nommé Président du secteur 120 Franche Comté de l’ANORAA où il contribue à la mise en valeur des pionniers de l’aéronautique et des as de guerre francs-comtois.

Le 30 septembre 1994 il devient membre des Vieilles Tiges au sein du groupement Antoine de Saint Exupéry (anciennement Joseph Dumas) et il intègre rapidement le Comité Directeur de l’Association dont il restera membre jusqu’à l’été 2024.

Malgré sa déception d’avoir été déclaré inapte médical juste avant les épreuves en vol en vue de l’obtention du Brevet de Pilote Privé Avion il s’adonna à sa passion du vol en pilotant des ULM.

Homme cultivé et féru d’Histoire, le Lieutenant-colonel Robert Demougeot s’est éteint à l’âge de 91 ans dans sa demeure de Grandfontaine (25) le 10 octobre 2025. Il était titulaire de 7 Témoignages de satisfaction, Officier de l’Ordre National du Mérite et Médaillé de l’Aéronautique.

 

Vendredi 17 octobre, notre camarade et ami  Michel Blanc nous a quitté, à 91 ans et plus de 16 000 heures de vol… dont 3 500 sur avion de combat et 10 000 d’instruction.

Une vie dédiée à l’aviation
Militaire de carrière, Michel a volé sur de nombreux types d’appareil tout au long de sa vie aéronautique. En particulier sur T-6 pendant la guerre d’Algérie. Il a terminé sa carrière (Colonel de l’armée de l’Air) sur Mirage F1, avant de rejoindre l’EPA en qualité de sous-directeur.


L’esprit de la voltige
Au milieu des années 1980, Michel rejoint l’Aéroclub du Dauphiné. Il y crée et développe l’activité voltige, qu’il mènera avec passion, exigence et pédagogie.
À son palmarès : la formation de plusieurs champions du monde de voltige, qu’il a initiés, formés et accompagnés vers l’excellence.


Le Père de la Patrouille du Club
Il a également créé et développé une patrouille aérienne de haut niveau avec des pilotes du club qu’il a formés dans un exercice qui demande rigueur et précision.


Un grand voyageur
Infatigable, Michel a organisé de nombreux et magnifiques voyages à travers l’Europe et l’Afrique, entraînant dans son sillage de nombreux pilotes du club, toujours dans la bonne
humeur et le partage.


Un pilier du club
Très attaché à son aéroclub, Michel lui a énormément apporté.
Présent sept jours sur sept, il formait inlassablement les stagiaires, entraînait les pilotes, veillait à la sécurité des vols et participait à la vie du club avec enthousiasme. Toujours une anecdote à raconter, un conseil à donner, un sourire à partager.
Michel a également exercé des responsabilités au sein du conseil d’administration, notamment en tant que secrétaire général pendant plusieurs années.


Un ami fidèle
Depuis quelques années, il vivait à Lyon, mais continuait de venir régulièrement nous rendre visite, partager un repas, un verre, une anecdote … et toujours un souvenir d’aviation.
Ce soir, en levant les yeux vers le ciel, nous chercherons une étoile qui fait des cabrioles. Elle nous manquera beaucoup.

Né le 6 Juillet 1936, breveté Pilote 2ème degré à 18 ans et Pilote Professionnel à 22 ans.
Durant son service militaire effectué du 1er novembre 1958 au 30 avril 1961, Gérard a été
formé au pilotage pendant 10 mois sur la base école 707 de Marrakech, soit du 22 janvier
1959 au 11 décembre 1959.
Notre apprenti pilote a ensuite été affecté en Algérie de la date du macaronage jusq’au 30
avril 1961, à travers plusieurs bases aériennes:
– BLIDA, pendant deux mois pour une formation opérationnelle tir et bombardement.
– SETIF à l’escadrille 10/72, Gérard est opérationnel sur T6 pendant 8 mois
– BONE à l’escadron 3/9 sur T28 Fennec jusqu’à sa démobilisation.
L’Ordre National du Mérite a été attribué à Gérard sur proposition du Ministre de la
Défense suite à la période de 16 mois effectuée en Algérie en qualité de pilote
Elémentaire de Réserve et, par conséquent, volontaire lors de son service militaire d’une
durée de 30 mois.
Notre camarade Gérard de PHILIP a effectué 261 missions de guerre en 475 heures de
vol et ses états de service lui ont valu les distinctions suivantes:
– Médaille militaire.
– Croix de la valeur militaire avec deux citations à l’Ordre de l’Armée avec palme et de la
Division avec étoile d’argent.
– Croix du combattant volontaire – Croix du Combattant.
– Médaille commémorative « Algérie ».
– Titre de reconnaissance de la Nation.
Après cet intermède militaire de 1958 à 1962 au Maroc et en Algérie, Gérard s’est dirigé
vers une carrière civile. Il a rejoint le Centre de Formation des élèves Pilotes de ligne, à
Saint-Yan, où il devient instructeur de pilotes professionnels.
C’est à Saint-Yan –académie du pilotage– qu’en 38 années de service il a accumulé
11500 heures de vol dans la formation de futurs pilotes de ligne.
Cela sur nos « fameux » Stampe, MS-733, MS-Paris, Nord-262, Mystère-20 et autres
Corvettes !
Enfin, il sera membre du Jury des Examens au niveau national et Chef-pilote adjoint.
Nombre d’entre nous avons apprécié cet élégant gentleman comme controleur ou
examinateur lors de nos stages à Saint-Yan.
– Sa Médaille de l’aéronautique au titre de la DGAC fut bien méritée !
Gérard à la retraite devient membre Pionnier des Vieilles Tiges au Groupement Marc
AMBROGI de Marseille.
Sous les présidences de Mr. Jean BONNET de la ROCHE (Air France) et de Mr. Fortuné
LION (CEV), il sera secrétaire général puis succédant à Fortuné, Président du
Groupement jusqu’à l’A.G.du 18 Mars 2010 où il me demandera de lui succéder… avec
Michel PENOT, Jean ESTAMPE, Zénon KURZ, Jacques PICART et Jean-Yves
DUFOUR … nous y sommes toujours et il y a 25 ans déjà !
Gérard, que je connaissais déjà depuis Saint-Yan, nous a encore permis de découvrir
cette convivialité particulière qui régnait aux Vieilles Tiges dont les membres étaient — le
Général. Risso, Pierre « Tito » Maulandi, Jean Sarail, Roland Glavany, René Farsy, André
Cavin, Georges Varin, Henri Lluch, le Général Paul et Aline Mourier, je ne pourrais pas les
citer tous, ces pilotes d’essais, pilotes de chasse et ingénieurs, eux, qui nous ont accueillis
sans autre considération que notre passion commune de l’aviation!
J’espère que l’envie d’apprendre d’un monde qui existait avant eux reviendra aux jeunes…
mais cela ne vient qu’en fréquentant les vieux!
Gérard nous a quittés « just for a new plane » comme disait notre copain « Captain » Jack
SIROUX… Bon vol Gégé!
Serge Montagnac. – le 25 Juin 2025 –

Chers camarades Pour l’info de nos camarades qui n’aurait pas encore eu l’info du décès de cette grande dame Bien à vous Yves Source : https://www.opex360.com/2025/01/21/premiere-francaise-a-avoir-ete-promue-au-grade-de-general-valerie-andre-nous-a-quittes-a-lage-de-102-ans/ Première française à avoir été promue au grade de général, Valérie André nous a quittés à l’âge de 102 ans par Laurent Lagneau · 21 janvier 2025 Les exploits […]

Il y a des hauts, il y a des bas…

Le 14 Août 2024, la chasse perdait accidentellement 2 pilotes, un instructeur et un élève en transformation Rafale.

Outre leurs qualités humaines et de pilote, les deux victimes étaient issues du Normandie-Niemen, Root y avait été nommé chef de patrouille et Lolo devait y retourner comme pilote opérationnel après sa transformation.

Les Vieilles Tiges et particulièrement les membres du Groupement Pierre Pouyade partagent la douleur des familles et leurs présentent leurs plus sincères condoléances.

L’Escadron de Transformation Rafale a ouvert une collecte pour les deux familles.

Voici les liens:

Escadron de Transformation Rafale 3/4 « Aquitaine »

L’Escadron de Transformation Rafale 3/4 Aquitaine a créé deux cagnottes destinées aux familles du LTT Matthis « Lolo » Laurens et du CNE Sébastien « Root » Mabire, tragiquement disparus en mission ce mercredi 14 août.
L’ensemble des fonds récoltés sera intégralement reversé aux familles de nos regrettés frères chasseurs.
Nous attirons votre attention sur le fait que les deux seules cagnottes ouvertes par l’ETR, dont les liens figurent ci-dessous, sont officiellement reconnues. Certaines personnes, sans lien avec l’ETR, ont pris sur elles d’en créer d’autres que nous ne reconnaissons pas et qui ne reçoivent pas notre appui.
Lien vers la cagnotte ouverte pour l’épouse du CNE Mabire :
https://www.leetchi.com/…/soutien-pour-la-famille-de…

Lien vers la cagnotte ouverte pour la famille du LTT Laurens :
https://www.leetchi.com/…/soutien-pour-la-famille-de…

L’ETR vous remercie fraternellement.

 

Un malheur n’arrivant jamais seul… Vendredi 16, c’est notre ami Didier Berger qui, lors d’un meeting au Lavandou, disparaissait avec son Fouga Magister.

Fin pilote de chasse, opérationnel sur Jaguar puis sur Mirage 2000 N, Il nous régalait dans les meetings, notamment sur son Vampire puis sur son Fouga.

 

Toujours partant pour partager sa passion, nous étions entrain d’organiser une session de découverte du vol à voile, son autre passion, sur la plateforme de Salon-Eyguières, pour nos jeunes pousses.

Voici sa dernière photo, prise lors du meeting de la Ferté Alais en mai dernier…

Je suis sûr que tu vas retrouver ton père et ton frère et que vous allez à nouveau voler de concert sur des warbirds…

Adieu mon ami…

Tout a été dit sur la disparition d’Antoine de Saint-Exupéry il y a 80 ans aujourd’hui.
Recueillons-nous en nous transposant dans les interrogations du Capitaine GAVOILLE, son chef d’escadrille, au soir du 31/07, alors qu’il savait que l’avion à cette heure-là était short petrol….
Saint-Exupéry, un de ses pilotes, était son ami…

Il y a aujourd’hui même 80 ans, le 15 Juillet 1944, le Groupe de Chasse N°3 « Normandie » quittait Doubrovka pour Mikountani.

Comme à chaque fois qu’ils se déplaçaient pour coller au front, les pilotes dont le YAK 9 étaient équipés d’une trappe donnant accès à un espace réduit y emmenaient leur mécanicien. Mais c’était si exigu que ceux-ci ne pouvaient pas se munir d’un parachute.

Le capitaine Maurice de Seynes embarqua ainsi son fidèle ami Vladimir Bielozub.

Après quelques minutes de vol, une fuite d’essence se déclara, aveuglant le pilote et l’incommodant.

Il revint vers le terrain de départ et tenta a plusieurs reprises d’atterrir.

Tous à la radio lui intimèrent l’ordre de sauter. Mais Bielozub ne le pouvait pas donc de Seynes refusa d’abandonner son ami.

Il continua de tenter d’atterrir jusqu’au crash fatal à tous les deux.

Ils furent enterrés côte à côte et la presse soviétique raconta cette action.

Les fransousky du Normandie qui deviendraient 3 mois plus tard Normandie Niemen avaient déjà une cote d’amour dans le public.

Mais ce jour-là, la légende était née.

Et là-bas, on la raconte toujours dans toutes les écoles comme un des évènements importants de la Grande Guerre Patriotique.

La très dynamique Escadrille Air Jeunesse de la base aérienne 115 « Maurice de Seynes » a été très sensible à l’histoire du parrain de la base.

Deux de ses équipiers y furent particulièrement sensibles et rédigèrent ce conte bouleversant que voici:

 

La rencontre

Partie 1

La cérémonie

“N’espère rien de l’homme s’il travaille pour sa propre vie et non pour son éternité”
Antoine de Saint Exupéry, Citadelle

8 mai 2023, quelque part en France.

En ce début de mois de Mai, la fraicheur matinale se faisait encore ressentir.
Le soleil commençait doucement à envahir l’atmosphère, et ses rayons, par ailleurs bien
appréciés des quelques matinaux déjà arrivés, redonnaient leur éclat aux drapeaux tricolores disposés tout autour de la place du village. Petit à petit, des petits groupes hétérogènes affluaient sur la place. Là une famille, ici un groupe d’amis, là-bas des personnes âgées, plus loin encore on devinait un groupe d’enfants conduits par leurs enseignants… Des sourires s’échangeaient et des rires joyeux se faisaient
entendre. Le plaisir de se retrouver était palpable. On supposait des retrouvailles attendues. On pouvait aussi voir des enfants courir et jouer gaiement sur l’esplanade. Progressivement une foule compacte et bruyante s’était formée, à laquelle étaient venus s’ajouter des badauds mus par une certaine curiosité.
Au sein de ce rassemblement hétéroclite, un gaillard naviguait entre les différentes délégations présentes. Béret vert solidement vissé sur la tête, pas assuré, il se dégageait de lui une autorité naturelle imposant un certain respect, renforcé par la double rangée de médailles fièrement accrochées sur sa poitrine. Ce n’était sûrement pas par hasard si on lui avait confié la charge de maître de cérémonie ! Il
échangeait quelques mots avec chacun, rappelait les modalités de la cérémonie, puis indiquait à chaque responsable de délégation l’emplacement attribué. On sentait qu’une certaine organisation se mettait en place. Les musiciens et les porte-drapeaux se positionnèrent de part et d’autre du monument aux morts. Les anciens combattants se placèrent à la perpendiculaire des porte-drapeaux. Face à eux, le
peloton de fusiliers commandos de la base aérienne voisine déjà en place, fut rallié par les sapeurs-pompiers.
Entre les militaires en armes et les soldats du feu, se distinguait une petite délégation singulière constituée d’une demi-douzaine de jeunes vêtus d’une combinaison de vol bleu et couverts d’un calot.
Enfin, les officiels vinrent fermer le carré en se positionnant face au monument aux morts.
La cérémonie débuta et se déroula selon le protocole habituel…
Aux ordres du maître de cérémonie, les baguettes du tambour amorcèrent le roulement si significatif de la sonnerie « Aux Morts », bientôt rejoint par le son crescendo du clairon. Un silence solennel planait sur l’assemblée, qui, dans ce moment de recueillement, semblait effacer toutes les individualités pour ne constituer qu’un seul bloc uni. Seul se faisait entendre le drapeau claquer contre la hampe. Le
soleil, maintenant bien haut dans le ciel, tapait sur les têtes.
C’est la troisième commémoration à laquelle participait Maurice. Chaque fois la même fierté, celle de représenter et de prendre part. La même émotion, à la pensée du sacrifice et des actes de bravoure de ces soldats, de l’héritage que cela représente. Mais aussi la même appréhension, celle de ne pas réagir au bon moment, ou de commettre une erreur (voire même de s’évanouir ! les cadres leur
rappelant régulièrement le risque de perdre connaissance lors de ce type de cérémonie…, même si lui ne l’a jamais constaté de ses propres yeux !
Cette fois-ci pourtant, c’était différent. Un sentiment particulier l’habitait. Il ressentait peser sur lui comme une attention insistante. Une sensation persistante créant une présence presque palpable.
Discrètement, il scruta l’assemblée à la recherche de la source de cette drôle d’impression. Et soudain, il croisa les yeux d’un homme. Placé au second rang, il était en partie masqué par la foule, mais se distinguait par son regard, fixe et perçant, qui les dévisageait d’un air dubitatif, lui et ses camarades. Cela, Maurice le ressentait particulièrement.
Une fois la cérémonie terminée, la foule commença à se disperser et les gens à discuter. Maurice perdit l’homme de vue. Intrigué, il décida aussitôt de se mettre à sa recherche. Après plusieurs minutes à déambuler sans résultat, il se dit que, finalement, ce devait être le fruit de son imagination. C’est alors qu’il l’aperçut : un homme d’une trentaine d’année, grand et svelte, avec une petite moustache, coiffé
d’une coupe à la mode des années 1930, et vêtu d’un grand blouson en cuir marron.
L’équipier arriva à la hauteur de l’homme et l’interpella :
– “Eh monsieur ! Monsieur ! Attendez !”
L’homme surpris par cette soudaine interpellation, s’arrêta et se retourna en levant un sourcil interrogateur.
– “Oui garçon ?
– Bonjour monsieur, excusez-moi, mais j’ai pu remarquer que vous nous regardiez avec insistance, moi et mes coéquipiers, durant la cérémonie. Est-ce que je peux vous demander pourquoi ?
– Bonjour jeune homme. En effet, votre présence ici me laisse interrogatif. Qui êtes-vous ?
– Nous représentons l’Escadrille Air Jeunesse de la base aérienne près d’ici.
– Escadrille Air Jeunesse ?! Mais qu’est-ce que c’est ?
– C’est l’Armée de l’Air et de l’Espace qui rassemble des jeunes comme moi autour d’un thème commun qui nous passionne : l’Aéronautique.
– Ah oui, et que faites-vous exactement ?
– Eh bien, nous nous réunissons pour en apprendre plus sur l’Armée de l’Air et de l’Espace : ses valeurs et son histoire, mais également ses différents rôles et objectifs. Nous rencontrons le personnel de la base à laquelle nous sommes affiliés, tels que des pilotes, des mécaniciens, des pompiers de l’air ou bien encore des commandos parachutistes ! Mais nous faisons également du sport, avec par exemple de la course d’orientation, le parcours du combattant, ou encore des sports d’équipe pour développer l’esprit de cohésion et le  dépassement de soi. C’est vraiment génial !
– Eh bien dis donc, vos activités m’ont l’air d’être riches et variées ! répondit-il avec un sourire. Vous en avez de la chance. De mon temps, il n’y avait pas tout ça. Je me souviens, quand j’ai intégré dans l’armée pour devenir pilote, on ne tardait pas pour nous mettre directement le manche entre les mains !
– Vous êtes pilote dans l’armée ? s’exclama avec admiration le garçon.
– Oui… ou plus précisément je l’étais, rétorqua l’homme.
– Ah bon ? répondit Maurice étonné. Mais pourquoi ?
Ne plus être pilote, quand on a cette chance et qu’on est dans la force de l’âge lui semblait inconcevable.
– Oh… eh bien, disons que c’est le sort qui a décidé pour moi.
– Comment ça ?’’ enchaîna le garçon avide d’en savoir plus.
L’homme ne répondit pas tout de suite. Il prit un air songeur, regarda le ciel nuageux, puis les feuilles bruisser dans les micocouliers et, après quelques instants d’hésitation, débuta son récit :
– “Eh bien, c’était lors d’un déploiement à l’Est. A ce moment-là, nous manquions terriblement de pilotes. Nous devions donc changer fréquemment de base pour réaliser les différentes missions.
Ainsi, c’était un déplacement plutôt banal. Cependant, peu après le décollage, il est apparu que le carburateur était percé. L’essence fuyait alors du moteur et envahissait la cabine pour venir se coller sur nos lunettes. On n’y voyait plus rien ! Impossible de voir où nous allions ! Et puis soudain, un incendie s’est déclaré. Une fumée noire et ardente, à l’odeur âcre, se dégageait du capot. Nous
ne pouvions faire autrement que de la respirer. Elle nous brûlait la gorge et les poumons. La chaleur des flammes était insupportable. J’ai reçu plusieurs fois l’ordre de sauter en parachute. Cependant, mon mécanicien qui était à bord avec moi n’en avait pas. Je ne pouvais me résoudre à l’abandonner. J’ai donc refusé de quitter le bord. L’avion devenait incontrôlable. J’ai malgré tout tenté de poser l’appareil, même si cela nous semblait impossible. Après plusieurs tentatives infructueuses, j’ai réussi à nous faire atterrir dans un champ, non loin de la piste, mais l’appareil n’était plus en état de voler.
– Ouah… C’était courageux ! dit Maurice, dans un enthousiasme spontané qui reflétait son excitation et son admiration. Votre mécanicien a dû vous en être reconnaissant !
– Hélas non ! Mon mécanicien n’a pas survécu à notre crash. Mais je ne m’en suis pas sorti indemne non plus.
– Ah mince, je suis sincèrement désolé…
– Merci p’tit, mais faut pas. Ça fait partie des risques et on le savait. Ce jour-là, j’ai vraiment essayé de nous sauver, mais ça n’a malheureusement pas été suffisant. C’est du passé désormais. Le plus important est que j’ai tenté de sauver la vie de mon camarade. L’abandon d’un camarade est inenvisageable ! Retiens bien ça p’tit ! Lors d’une mission, aussi anodine soit-elle, le plus important
est la sauvegarde de la vie des membres de ton équipe, ne jamais laisser personne derrière. Je ne regrette pas ce que j’ai fait, même si ça s’est révélé vain. La cohésion et la fraternité sont ce qu’il y a de plus important.
– Je comprends monsieur” répondit Maurice avec détermination en le regardant admirativement dans les yeux.
Le regard de l’homme se fit alors plus doux et il lui dit avec bienveillance :
– “Ça me fait plaisir de voir que vous, les jeunes des nouvelles générations, êtes autant investis. Cela me prouve que les combats que nous menons ont un sens et que vous les poursuivrez. J’espère que tu continueras et que tu me rendras fier, gamin !’’
Maurice était intrigué par ce personnage envers qui, pour une raison qu’il ignorait, il éprouvait une grande confiance. Il ne voulait pas le décevoir et ses paroles le rendaient fier. Ainsi, flatté, il le remercia en lui expliquant qu’il souhaitait, lui aussi, devenir pilote. L’homme lui adressa un sourire confiant, puis content d’avoir satisfait sa curiosité, dit au jeune garçon :
– “Eh bien je te souhaite de réussir, et d’aller loin dans ton projet !’’
Il regarda sa vieille montre à son poignet, dont le bracelet montrait quelques traces de brûlures, et rajouta :
– “Je dois te laisser à présent, j’ai à faire !”
Sur ces mots, l’homme se retourna et entama son départ.
Cependant, comme dans un ultime appel, Maurice le rappela et lui dit :
– “ Attendez ! Vous ne m’avez pas dit votre nom !”
Un sourire malin apparut sur le visage de l’homme et, comme s’il se libérait d’un poids gardé depuis bien longtemps, il dit :
– “Je m’appelle Maurice, Maurice de Seynes’’.
Avant que le garçon n’ait le temps de dire quoi que ce soit, le capitaine de Seynes disparut dans la foule et, malgré les tentatives de l’équipier de retrouver l’aviateur, ce dernier s’était bel et bien volatilisé.
Alors qu’il se demandait s’il n’avait pas rêvé, il sentit une main sur son épaule et vit une de ses amies de l’EAJ qui était venue l’extraire de ses pensées.
Dans les premiers instants, il voyait bien qu’elle lui parlait, mais n’arrivait pas à comprendre. Il était encore tout interloqué par ce qu’il venait d’apprendre. Au fur et à mesure qu’il recouvrait ses esprits, il se rendit compte qu’il était allongé à l’ombre d’un arbre à l’écart de la foule désormais éparse.
Il interpella son amie pour savoir ce qu’il s‘était passé, ce à quoi elle répondit :
– “Eh bien, pendant la minute de silence, tu t’es évanoui à cause de la chaleur. Franchement, tu aurais dû voir ta chute ! Tu as fait un plat comme on en fait à la piscine !”
Comme il se faisait tard, les deux équipiers rejoignirent leurs cadres. Maurice, quant à lui, supposa que sa rencontre n’était que le fruit de son insolation.…

Partie 2
Ad Astra

“Il faut toujours connaitre les limites du possible. Pas pour s’arrêter mais pour tenter l’impossible dans les
meilleures conditions”

Romain Gary, Charge d’âme

Bien des années plus tard, quelque part dans l’Espace.

Au milieu de l’espace, immensité sombre et sans vie, règne le silence. Cependant, il n’est qu’apparent puisqu’il n’est pas le témoin d’un stoïcisme sidéral, mais au contraire, d’une activité stellaire intense. Parmi ces milliards d’astres, l’univers entier semble tourné vers un petit groupe de météorites se déplaçant à l’image d’un banc de requins en quête de proies. Ces derniers se dirigent vers notre astre
Sélénite qui, reflétant la lumière solaire, se dresse tel un phare dans la nuit sombre et éternelle.
Gravitant lentement autour de notre lune, on peut déceler la Station Spatiale Internationale “Nostromo’’. Porteuse d’espoir pour l’avenir, sont présents à bord les meilleurs spationautes et, parmi eux, Maurice.
Bien des choses se sont passées depuis cette “rencontre” qui est restée gravée dans sa mémoire.
Quand bien même il sait que cela n’est que le fruit de son imagination, cette leçon, qui l’a inspiré tout au long de sa carrière, a fini par devenir sa devise et l’a conduit à être aujourd’hui le commandant du Nostromo.
Divaguant dans ses pensées, il se rend dans le laboratoire européen, quand soudain, il entend l’alarme résonner dans toute la station. Il se dépêche d’aller jusqu’à la salle de contrôle et découvre avec horreur que le banc d’astéroïdes, évité quelques heures auparavant, masquait en réalité, dans son sillage, un autre groupe de météorites plus petites qui se dirige à vive allure dans leur direction. Un des projectiles
était entré en collision avec la station, provoquant une microfissure dans la paroi. Mais ce n’est malheureusement pas le pire : la partie la plus importante de cette pluie de météorites allait croiser la trajectoire de la station d’ici quelques minutes ! Tenter une manœuvre d’évitement avant la collision est impossible, pense Maurice. La station est condamnée !
Il entame les protocoles d’évacuation et part à la recherche de sa collègue, car par chance, ne s’agissant que d’une mission de transit, ils sont les seuls à bord de la station.
En parcourant les différents modules, il entend un cri de détresse. Il se dirige dans sa direction. Il est alors horrifié lorsqu’il voit Nora coincée de l’autre côté du sas qui, du fait des procédures automatiques de secours, s’était fermée !
Maurice prend un instant pour réfléchir : malgré la fermeture des sas pour limiter la perte d’oxygène, la quantité fuitée dans l’espace est trop importante. Ils manqueront bientôt d’air et il le sait. Il lui faut donc quitter la station au plus vite mais ne peux se résoudre à abandonner son amie derrière lui.
Dans un sang-froid imperturbable, il entreprend de déverrouiller la porte. Une fois de l’autre côté, il prend son amie et se propulse grâce aux parois en direction des modules d’évacuation. Quand il y arrive, il constate avec effroi qu’une des deux navettes est inutilisable du fait d’une fuite de carburant, et que celle restante ne peut accueillir qu’une seule personne. Il se rend à l’évidence qu’un seul d’entre eux peut être sauvé…
Un froid mordant se répand dans la station, commençant peu à peu à le gagner et le paralysant lentement. Il observe, par le hublot, la navette qui s’éloigne de plus en plus, le laissant seul dans la station, au milieu du vide intersidéral. Il est néanmoins satisfait et fier que son amie soit hors de danger : sa navette l’a emmenée suffisamment loin pour la prévenir de toute collision avec les météorites. Sa vue
s’obscurcit, la fatigue se fait lourde et l’envie de s’endormir l’envahit doucement. Il repense à ses actes, sa vie passée à aider et à ses choix qui l’ont conduit à cet instant.
Alors qu’il ferme les yeux et s’abandonne au froid, il entend des mots, des paroles venant d’une voix familière, qui résonne en lui tel un écho venant du passé qui lui dit :
– Je suis fier de toi, gamin !
Fin !
Cette fiction nous a été inspirée par l’histoire tragique du Capitaine Maurice de Seynes mort avec son mécanicien le 12 février 1944.
Il a donné son nom à la Base Aérienne 115 d’Orange-Caritat.
Ysaline AUVÉ et Matteo DUMANET, Équipiers EAJ de la BA.115.

 

Le 5 Juin 2024, l’escadrille Air Jeunesse recevait le Général JOB.

 

A la veille du 80e anniversaire du débarquement allié en Normandie, le GAA Jean-Pierre Job, ancien chef d’état-major de l’Armée de l’Air et M.Hubert Challe, Président du comité « Pierre Pouyade » de l’association des Vieilles tiges d’hier et de demain (plus ancienne association aéronautique française 🇫🇷, fondée en 1926), sont venus à la rencontre des équipières et des équipiers de l’EAJ « A-Flight PARIS » de la base aérienne 115.
A cette occasion, le GAA Job a présenté à notre jeune public une conférence sur le Régiment de Chasse « Normandie-Niemen ». Il y fut notamment question des 2 grands oncles de M. Challe :
👉 Maurice Challe, as de la seconde guerre mondiale (10 victoires aériennes homologuées)
👉 René Challe, as de la seconde guerre mondiale (8 victoires aériennes homologuées)
👉 Mais aussi de grands noms des FAFL, tels que les commandants Joseph Pouliquen, Jean Tulasne, Pierre Pouyade ou Louis Delfino.
✈️ Les pilotes dénommés les « anglais » (car initialement formés au sein des unités FAFL en Angleterre) tels Marcel Albert ou Albert Durand, tous deux anciens membres du SQN 340 « Ile de France » furent également cités, puisque c’est du SQN340 qu’est issu le A-Flight « Paris » dont nos équipiers sont aujourd’hui les héritiers.
Après avoir très attentivement écouté cette présentation, dont le paroxysme de l’émotion fut atteint à l’évocation de la disparition en combat aérien du lieutenant Marcel Lefèvre, le 5 juin 1944, il y a 80 ans, jour pour jour (Il n’avait alors que 26 ans), c’est au musée Caritat que les liens unissant le GAA Job à la BA 115 furent ensuite ravivés. Il en fut en effet le commandant de base en 1988 et c’est sur sa proposition que la BA115 porte désormais le nom de « Capitaine Maurice de Seynes », héros légendaire du Normandie-Niemen.

Conférence du GAA JOB aux équipiers EAJ sur la thématique des « unités FAFL, front ouest (SQN 340) vs front est (NN) » et visite du musée le 05 juin 2024 sur la BA115.

 

LES VIEILLES TIGES D'HIER ET DEMAIN...