Les Vieilles Tiges ont tenu leur déjeuner de Gala le 15 Septembre dernier au Sénat.
Notre Président national le général Yves Riondet a pris la parole. Vous trouverez ci dessous son discours.
M Le Ministre, M le Président de l’AéCF, MM les Officiers Généraux, M le Président de l’Académie de l’A&Espace, MM les Présidents d’Associations, Mmes et MM, chers camarades,
Je voudrais tout d’abord remercier le Sénateur Alain RICHARD (ancien Ministre de la Défense) qui nous a permis de bénéficier des salons du Sénat pour célébrer le centenaire de nos statuts dans un cadre exceptionnel sachant que celui du centenaire de notre création prévu en octobre 2020 avait été annulé en raison de la crise sanitaire liée à la Covid.
Permettez moi ensuite de saluer les personnalités qui nous ont fait l’amitié d’être des nôtres aujourd’hui pour cette célébration : GAA Luc de Rancourt de Mimerand (IGA-A&E), M Patrick GANDIL (Conseiller d’État et Président de l’AéCF), le GAA Jean Pierre MARTIN, Président des Ailes Brisées, M Michel WACHENHEIM (Président AAE), le Général de Division Pierre MEYER (COMALAT), le CA Serge BORDARIER (ALAVIA), le Général Claude TAFANI représentant Mme Anne RIGAIL (DG d’Air France) et le Colonel Philippe MASCIA (Président de l’ANORAAE). Sont excusés le Sénateur Christian CAMBON (Président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées), Gérard VAN CAELENBERGE (Président des VTB), M Eric TRAPPIER (DG Dassault Aviation), M Damien CAZE (DG DGAC), le CA Xavier HOUDAILLE (Président du Tomato) et M Jean Luc CHARRON (Président de la FFA) ainsi que le Général Stéphane MILLE (CEMAAE) actuellement en mission aux États Unis. A son grand regret, il n’a pu être à nos côtés aujourd’hui sachant qu’il m’avait informé que les contraintes de son calendrier risquaient de l’empêcher d’être présent à ce déjeuner. Le Général Luc de Rancourt nous a fait l’amitié d’accepter d’être notre invité d’honneur pour représenter l’Armée de l’Air & de l’Espace et je le remercie chaleureusement car il me semblait important de saluer à travers lui la contribution de tous les aviateurs militaires très sollicités lors des opérations de ces dernières années. Je vais vous le présenter et je reviendrai ensuite brièvement sur quelques temps forts de nos forces aériennes. Le Général de Rancourt est de la promotion 1985 de l’école de l’Air et après sa formation d’officiers et de pilote à Salon de Provence, il sera breveté pilote de transport en 1989. Il est alors affecté à Orléans sur C160 Transall durant cinq années avant de revenir à l’Ecole de l’Air en 1994 comme chef de brigade d’élèves officiers pendant deux ans. Il commande ensuite à Toulouse, de 1996 à 1999, la division des opérations spéciales puis il rejoint le Collège Interarmées de Défense. A l’issue de son année de scolarité, il est affecté à Evreux pour commander l’escadron de transport 1/64 Béarn de 2002 à 2004. Durant sa vie en unités il participe à de nombreuses opérations extérieures dont Daguet, Epervier, Courlis, Apronuc, Heraclès et Artémis. Il occupe ensuite le poste de chef d’état-major à l’European Airlift Center aux Pays-Bas avant de rejoindre le Royal College of Defense Studies à Londres en 2007. A son retour du RU il commande la BA d’Orléans Bricy de 2008 à 2011avant de rejoindre l’EMAA en qualité de Directeur de la transformation de l’armée de l’air puis chef de la cellule d’analyse du Major général. En 2013 Il est affecté au cabinet du ministre de la Défense comme adjoint air en charge de l’organisation et des ressources humaines. Il retrouve la vie opérationnelle en 2015 d’abord à Villacoublay comme général adjoint du COS puis à Paris en qualité de chef d’état-major du Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes. En 2019 il devient directeur adjoint au sein de la DG des relations internationales et de la stratégie avant d’être nommé IGA-A&E le 1er septembre dernier. Il totalise 5000 HDV et 164 missions de guerre ; il est Commandeur de la LH et de l’ONM et Médaillé de l’Aéronautique. Ce brillant parcours méritait d’être souligné et nous sommes très honorés de l’avoir à nos côtés aujourd’hui.
Comme vous le savez l’idée de s’élever dans les airs est aussi vieille que l’humanité mais cette entreprise n’a pas été chose aisée à concrétiser même si, dès la fin du 19ème, avec l’avènement « des plus lourds que l’air » des esprits visionnaires crurent au développement de la « locomotion aérienne ». Avec la création de l’Aéro-club de France en octobre 1898, la conquête de l’air était vraiment lancée et dès lors plusieurs associations virent le jour dont, en novembre 1920, celle des Vieilles Tiges qui regroupait des pilotes brevetés « aviateur » avant le 2 aout 1914. Ses statuts furent enregistrés à Paris en novembre 1922 et, reconnue d’utilité publique le 25 août 1926, elle aurait pu ne pas survivre au dernier de ses adhérents si les fondateurs n’avaient pas prévu la possibilité que l’association puisse continuer ses activités pour une durée illimitée grâce à l’admission de brevetés après le début de la Grande Guerre. Les Vieilles Tiges, surnom donné aux 13 aviatrices et 1741 aviateurs, civils et militaires, dont le plus âgé en 1922 avait 41 ans et les plus jeunes 22 ans, ont transmis depuis lors aux jeunes générations les valeurs de courage et d’enthousiasme propres à la grande famille des aviateurs. Joseph Frantz, 1er à avoir remporté une victoire aérienne avec son mécanicien Louis Quenault et successeur en 1963 de Léon Bathiat, a d’ailleurs donné une explication au nom de baptême retenu pour notre association en expliquant qu’une « Vieille Tige » est une tige qui a porté une fleur, puis la fleur est tombée, mais la tige est toujours restée vivante.
Cette amicale de pilotes et amis de l’Aviation, reste avant tout le symbole de la spécificité du rôle de l’avion qui a conduit des hommes et des femmes animés d’une même passion à relever le défi de la maîtrise de la troisième dimension. Pour marquer le centenaire de notre naissance j’avais rédigé un Pionniers hors série pour valoriser le patrimoine légué par nos ainés et cet ouvrage permet aux passionnés de revivre les riches heures de notre passé aéronautique construit au fil des décennies par des pilotes d’exception mais aussi par toutes celles et ceux qui ont contribué au développement de notre industrie et au rayonnement de nos ailes. N’hésitez pas à nous le commander, il nous en reste quelques exemplaires.
Rassurez-vous je ne vais pas passer en revue les différents records des aviateurs et aviatrices ni le développement de notre transport aérien civil et militaire ou encore les prouesses techniques de nos constructeurs mais notre nation peut s’enorgueillir d’avoir été une pépinière de pionniers avec tout d’abord Clément Ader qui, le 9 octobre 1890, fera avec Eole un 1er envol suivi d’un autre à Satory le 14 octobre 1897 avec son avion N°3 ce qui fera d’ailleurs dire au Général de Gaulle que c’était lui qui, 6 ans avant Orville Wright, avait décollé le premier avec sa propre propulsion. Ajoutons que ce visionnaire, nationaliste convaincu, avait énoncé une phrase prophétique « Sera maître du monde qui sera maître de l’air ».Au début du XXe siècle les fous volants avec leur « cage à poules » ont suscité rapidement l’engouement des foules et de nouvelles machines virent le jour grâce au soutien de généreux mécènes et à l’ingéniosité d’industriels. Louis Blériot franchissait la Manche le 25 juillet 1909, Henri Fabre avec son « hydroaéroplane » fut le premier à décoller de l’étang de Berre et à s’y poser le 28 mars 1910, Adolphe Pégoud, 1er As recensé, se lança dans l’acrobatie aérienne en 1913 et Roland Garros traversa la Méditerranée le 23 septembre.
Rappelons-nous qu’au début de la GG l’arme aérienne n’existait pratiquement pas, que les états-majors s’interrogeaient sur l’utilité des avions en dehors du guidage de l’artillerie et que les rares aviateurs qui appartenaient à l’armée de terre avaient obtenu leur brevet de pilote dans le civil sachant que la majorité d’entre eux provenaient de milieux aisés. Le bilan de l’aviation militaire est impressionnant : le personnel de 3500 H en 1914 est passé à 90000 H en 1918, 16458 pilotes et 2000 observateurs furent brevetés mais on déplora 5533 victimessoitprès de30% du PN dont il est vrai un certain nombre en école. Alors qu’on dénombrait 232 avions au front en 14 il y en avait 3737 à la fin du conflit avec des performances en moyenne multipliées par 5. Cela laisse rêveur d’autant qu’à l’époque la dizaine de constructeurs (Voisin, Farman, SPAD, Hanriot, Blériot, Bréguet, Amiot, Nieuport, Morane Saulnier et Caudron), souvent eux-mêmes pilote de leurs prototypes, ont profité de la guerre pour stimuler leur production puisqu’environ 51700 avions ont été produits durant la guerre avec une cadence de fabrication de 100 avions / mois en 14 et de 2800 / mois en 18. On ne serait être complet sans évoquer les As, figures mythiques de l’aviation naissante qui avait besoin de se forger une identité et une légitimité. Ces 187 As français (5 victoires aériennes homologuées) auraient eu beaucoup de mal à imaginer qu’aujourd’hui le combat aérien a totalement changé de nature car avec la guerre en réseau et les missiles air-air autonomes de très grande portée, l’adversaire est invisible à l’œil nu du pilote de chasse alors que les pionniers, qui avaient besoin d’un bon coup d’œil et d’une grande dextérité pour surprendre l’ennemi, considéraient que le blindage d’une section de l’hélice permettant de tirer sur l’adversaire avec la mitrailleuse dans l’axe de l’avion, était déjà un progrès considérable. Ce procédé révolutionnaire est attribué à Roland Garros.
Après l’armistice nombre de pilotes démobilisés gardèrent la nostalgie de cette période héroïque et fin 1920 certains d’entre eux sous l’impulsion de Léon Bathiat, Joseph Frantz, Joseph Sadi-Lecointe et Paul Schneider décident de former Les Vieilles Tiges, amicale de pionniers qui avait réalisé le rêve d’Icare en apportant à l’aviation naissante leurs idées, leur expérience, leur argent et leur héroïsme. Elle s’était fixé pour objectifs principaux, outre l’entraide, la propagande et la diffusion de la flamme aéronautique chez les jeunes afin de perpétuer la vocation pour la carrière des ailes. A cette époque héroïque au siège de l’association installé dès 1926 au restaurant « 1’Orée du Bois de Boulogne » dans le 16ièm arrondissement de Paris, les pionniers échangeaient dans une atmosphère conviviale sur les joies du pilotage, les records, l’avenir de l’aviation mais aussi sur les amis disparus. On pouvait d’ailleurs admirer dans la salle de réunion des portraits et des tableaux permettant de se remémorer les premiers envols de pilotes audacieux à bord de frêles aéroplanes depuis les champs d’aviation. L’Association tiendra ses conseils d’administration et accueillera les visiteurs Porte Maillot jusqu’au 16 décembre 1999, où un incendie criminel détruira le local et une grande partie de nos archives. La Mairie de Paris relogera ensuite temporairement l’association qui s’installera dans divers locaux avant d’être accueillie en 2018 au sein de l’Aéroclub de France.
Il faut aussi se souvenir que pour renforcer l’efficacité des actions visant à l’amélioration des conditions morales et matérielles des membres de la famille aéronautique, les Vieilles Tiges firent partie en 1937, aux côtés des Vieilles Racines et des Ailes Brisées, des dix associations fondatrices de l’Union des Œuvres de Bienfaisance de l’Aéronautique.Durant la seconde guerre mondiale l’Association des Œuvres de l’Air prolongera l’action de l’Union de Bienfaisance en accompagnant la création de l’Ecole de Pupilles de l’Air à Grenoble.
A la fin de l’année 1960, même si la flamme et la passion avaient été entretenues, il ne restait plus que 168 survivants parmi les 1754 pilotes brevetés avant la première guerre mondiale et ce dernier carré qui avait fait de l’aviation la passion de toute leur vie décida de continuer à faire vivre l’association en accueillant officiellement les jeunes pilotes aux côtés des grands anciens puis tous les navigants. Parallèlement dès les années cinquante l’Association avait créé des groupements régionaux (10 aujourd’hui) portant le nom de baptême d’un aviateur célèbre du cru et elle s’ouvrira progressivement à plusieurs catégories d’adhérents ayant des activités en rapport avec les différents secteurs de l’aéronautique civile et militaire, tout en respectant les objectifs fixés par les fondateurs. Ces membres sont respectivement : les pionniers ; les actifs ; les associés ; les membres d’honneur et les membres bienfaiteurs. Une « caste » à part est constituée par les pilotes du demi-siècle qui sont titulaires d’un brevet de plus de 50 ans et dont les qualifications sont toujours valides. Nos membres perpétuent aujourd’hui les causes chères aux fondateurs en faisant vivre leur mémoire, en diffusant la culture aéronautique et en développant des liens de solidarité. Parallèlement, afin que les « Vieilles Tiges » refleurissent et se perpétuent, les groupements tentent d’attirer des jeunes via l’attribution de bourse ou par un accompagnement du type parrainage en les informant sur les possibilités de formation et d’évolution dans les différents métiers liés à l’aviation civile et militaire.
L’association fête donc cette année le centenaire de ses statuts mais faut-il rappeler que l’année 2020 restera pour l’ensemble du monde aéronautique une « annus horribilis » puisque près de 90% de la flotte mondiale d’avions a été clouée au sol entrainant des pertes financières colossales suivie d’une reprise assez difficile pour l’ensemble du secteur. En garantissant un prêt de plusieurs Mds d’€ à Air France pour renforcer sa compétitivité, l’Etat lui a aussi permis d’accélérer la fin de l’exploitation de ses A380 plus gourmand en carburant par siège que les appareils long-courriers de nouvelle générationet d’étudier le remplacement progressif des A320 par un avion court et moyen courrier qui consommerait 30% de moins. Pour notre Cie nationale les perspectives ont commencé à s’éclaircir suite à la signature mi mai avec CMA CGM (3ièm armateur mondial), d’un partenariat stratégique majeur de long terme dans le fret aérien, lequel devrait permettre aux deux groupes de construire une offre plus compétitive de croissance durable avec la mise en commun de leurs réseaux cargo et services dédiés. Il faut simplement espérer qu’une nouvelle vague Covid ne stoppera pas son élan et que l’audience des partisans de l’aviation-bashing s’estompera face aux réalités dès lors que l’aviation ne représente qu’environ 3% des émissions de CO². On peut toutefois en douter puisqu’encore récemment une association écologiste a tenté de faire annuler le show aérien avec la PAF à Perros-Guirec et qu’un parti politique demande l’interdiction des jets privés en donnant en pâture les noms de quelques grands capitaines d’industrie français. A ce sujet je voudrais en profiter pour rappeler que le transport aérien n’a pas attendu la crise sanitairepour se pencher sur les enjeux environnementaux car il y a bien longtemps que nos industriels construisent des avions avec le souci de réduction de l’emprunte carbone et qu’ils cherchent à mettre au point des avions électriques pour des petits trajets avec un faible nombre de passagers ainsi que des avions hybrides. A noter qu’en 2015 un avion électrique développé par Airbus a déjà traversé la Manche avec un pilote et un passager et que début 2019 la FFA a expérimenté en aéroclub l’apprentissage du pilotage de l’Alpha Electro. Aujourd’hui elle dispose de 6 Velis Electro et fin aout elle en a mis un à disposition de l’aéroclub de Royan pour des vols découverte au profit des équipiers de l’EAJ de la BA de Saintes. On peut donc espérer que d’ici quelques années l’autonomie sera suffisante pour remplir la plupart des missions proposées par nos aéroclubs. Aussi il me semble injuste que l’aérien soit la cible, voire l’otage de certains idéologues surtout quand on prend également en compte les efforts faits par les Compagnies aériennes.
Parallèlement au plan de soutien mis en place par le gouvernement au profit du secteur industriel aéronautique confronté aux baisses de commandes, un fonds d’investissement réunissant Airbus, Safran, Dassault et Thalès a accompagné les transformations ainsi que la compétitivité des PME, tout en favorisant la « décarbonation » de cette industrie.
Dans ce contexte on peut se réjouir pour les avionneurs européens, confrontés en 2020 aux baisses ou annulations de commandes, de l’excellent bilan du Salon de Dubaï en novembre 2021 pour les ventes d’ATR et d’Airbus, société qui vient encore d’enregistrer une belle commande de 80 avions de la famille A320neo par BOC Aviation, loueur basé à Singapour. Si les avionneurs ont su fait preuve de résilience lors de la crise sanitaire pour pouvoir répondre le moment venu aux besoins de renouvellement de flottes des compagnies aériennes il n’en reste pas moins vrai qu’Airbus a dû revoir à la baisse le nombre de ses livraisons prévues pour 2022 car les sous traitants manquent aujourd’hui de main d’œuvre et des pénuries en pagaille touchent toute la chaîne de production.
Il faut signaler également la vente l’an passé de 110 Rafale (18 dont 12 d’occasion à la Grèce, 12 d’occasion à la Croatie et 80 aux EAU). Cette très bonne nouvelle pour nos industriels et pour les emplois induits par cette dernière commande, est en revanche, j’imagine un réel souci pour le CEMAAE car les Rafale d’occasion seront prélevés sur son parc aérien alors que l’ère du tout Rafale est encore loin et qu’il faudra aussi développer d’autres standards afin d’améliorer en particulier les capacités dans le champ de la connectivité. Cela risque de mettre en difficulté notre propre défense dans l’environnement d’insécurité actuel car il ne faut pas oublier le rôle majeur pour le soutien à l’export joué par l’AAE qui accompagne les marchés par des actions de formation des mécaniciens et des pilotes.
L’histoire de l’aviation militaire a été marquée par diverses inventions technologiques majeures et aujourd’hui les drones font incontestablement partie intégrante de celles-ci. Utilisés au Levant contre Daesh puis au Sahel contre les groupes djihadistes armés ils s’avèrent désormais incontournables pour la préparation et la conduite des opérations militaires. Pour ce qui concerne l’actualité récente de l’Armée de l’Air et de l’Espace j’ai retenu pour ma part quelques évènements significatifs de ses capacités. Tout d’abord l’opération APAGAN déclenchée mi aout 2021pour exfiltrer près de 3000 personnes d’Afghanistan, puis le redéploiement de janvier à mi aout 2022 de la force BARKHANE après 9 ans de présence au Mali. Dans ces 2 opérations, qui ont constitué un réel défi logistique pour nos armées en général, les Transporteurs (vos frères d’arme Mon Général) se sont particulièrement illustrés. Quant au conflit russo-ukrainien, dont les conséquences humaines et économiques sont très graves, il devrait inciter l’Europe à adapter en profondeur ses mesures de sécurité pour faire face à cette nouvelle menace. Pour sa part la France a augmenté la participation de ses Awacs dans le ciel des pays européens de l’Otan, déployé 4 Mirage 2000 pour effectuer depuis l’Estonie la protection du ciel balte pendant 4 mois et des Rafale font la police du ciel en Pologne. On peut donc constater que notre pays manifeste bien sa solidarité aux Ukrainiens tout en rassurant nos alliés voisins de la Russie.
Un dernier mot à propos du projet franco-allemand de système de combat aérien du futur composé d’un avion de chasse de nouvelle génération et de plusieurs drones d’accompagnement, qui, s’il aboutit, ne donnera pas lieu à des livraisons avant 2040. Le SCAF semble être bien lancé puisque l’objectif est de faire voler un démonstrateur à l’horizon 2027 et que les chefs d’état-major de l’armée de l’air allemande, espagnole et française ont réussi à s’entendre sur des besoins opérationnels communs mais encore faudra-il s’accorder sur les conditions d’un accord industriel entre Airbus et Dassault Aviation ainsi que sur la politique d’exportations entre nations partenaires. Par ailleurs la Luftwaffe va faire l’acquisition de 35 chasseurs F35 US pour remplacer ses Tornado vieillissants et même si le choix allemand ne semble pas remettre fondamentalement en cause le SCAF, il pourrait cependant le fragiliser d’autant que d’autres pays européens ont déjà passé commande à Lockheed Martin de F35 (Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Norvège et Pologne).
Ces quelques réflexions n’avaient d’autres buts que de vous sensibiliser aux problématiques actuelles de l’AAE et de nos industriels mais dans le contexte actuel il est bon de se rappeler qu’il faut en permanence moderniser nos forces aériennes et bien les dimensionner pour disposer d’une capacité apte à garantir la sécurité de notre espace aérien tout en assumant nos engagements vis-à-vis de nos alliés. J’ajouterai qu’aujourd’hui dans les conflits de haute intensité rien ne peut être engagé sans avoir recours aux moyens aériens pour garder la maitrise de la 3ième dimension mais je pense que vous n’en doutiez pas.
Mesdames et messieurs, vous savez comme moi, que les défis qui s’annoncent pour l’aéronautique sont immenses et très éloignés des soucis des « faucheurs de marguerites » mais ils sont tout aussi exaltants car ils vont faire avancer la recherche et surtout, espérons le, recréer de l’emploi dans ce secteur.
Pour terminer, alors que le CEMAAE vient d’inaugurer au Musée de l’A&E du Bourget le Mémorial des Aviateurs, je voudrais vous dire que nous réalisons combien le devoir de mémoire envers nos anciens est important car depuis plus de cent ans des générations d’aviateurs ont contribué à écrire les plus belles pages de notre histoire aéronautique et nous partageons avec eux les mêmes valeurs et c’est la raison pour laquelle les Vieilles Tiges ont besoin de l’engagement à leurs côtés de tous les aviateurs civils et militaires ainsi que celui de tous les sympathisants de la grande famille aéronautique afin que nous puissions continuer à faire vivre notre association.
Je vous remercie de votre attention et je cède la parole au GAA de Rancourt de Mimerand.
Louis JANOIR, une Vieilles Tige à l’honneur
Bernard Chabbert
Sophie Adenot, nouvelle spationaute française.
Sophie Adenot, nouvelle spationaute française.
(Sophie ADENOT en tenue de pilote de l’AAE et de pilote d’essais (photos mindef).)
Ingénieure diplômée de Sup’Aéro et du MIT (Massachusetts Institute of Technology), Sophie Adenot est entrée à l’École de l’Air en 2005 (promotion LCL Kauffmann).
Brevetée pilote hélicoptère elle sera affectée à la BA 120 de Cazaux au sein de l’EH 1/67 « Pyrénées » spécialisé dans les missions de recherche et sauvetage. Elle rejoint ensuite l’escadron de transport (ET 60) sur la base aérienne 107 de Villacoublay. Après avoir volé en unités sur SA 330 Puma et EC725 Caracal elle devient en 2018 pilote d’essais hélicoptères au sein de la division Essais en Vol de la DGA.
Cette nouvelle spationaute de l’ESA, âgée de 40 ans, devrait commencer son entrainement au centre européen de Cologne en avril 2023 avant de voler à bord de l’ISS.
Yves Riondet
Discours du Déjeuner de Gala le 15/09/2022
Les Vieilles Tiges ont tenu leur déjeuner de Gala le 15 Septembre dernier au Sénat.
Notre Président national le général Yves Riondet a pris la parole. Vous trouverez ci dessous son discours.
M Le Ministre, M le Président de l’AéCF, MM les Officiers Généraux, M le Président de l’Académie de l’A&Espace, MM les Présidents d’Associations, Mmes et MM, chers camarades,
Je voudrais tout d’abord remercier le Sénateur Alain RICHARD (ancien Ministre de la Défense) qui nous a permis de bénéficier des salons du Sénat pour célébrer le centenaire de nos statuts dans un cadre exceptionnel sachant que celui du centenaire de notre création prévu en octobre 2020 avait été annulé en raison de la crise sanitaire liée à la Covid.
Permettez moi ensuite de saluer les personnalités qui nous ont fait l’amitié d’être des nôtres aujourd’hui pour cette célébration : GAA Luc de Rancourt de Mimerand (IGA-A&E), M Patrick GANDIL (Conseiller d’État et Président de l’AéCF), le GAA Jean Pierre MARTIN, Président des Ailes Brisées, M Michel WACHENHEIM (Président AAE), le Général de Division Pierre MEYER (COMALAT), le CA Serge BORDARIER (ALAVIA), le Général Claude TAFANI représentant Mme Anne RIGAIL (DG d’Air France) et le Colonel Philippe MASCIA (Président de l’ANORAAE). Sont excusés le Sénateur Christian CAMBON (Président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées), Gérard VAN CAELENBERGE (Président des VTB), M Eric TRAPPIER (DG Dassault Aviation), M Damien CAZE (DG DGAC), le CA Xavier HOUDAILLE (Président du Tomato) et M Jean Luc CHARRON (Président de la FFA) ainsi que le Général Stéphane MILLE (CEMAAE) actuellement en mission aux États Unis. A son grand regret, il n’a pu être à nos côtés aujourd’hui sachant qu’il m’avait informé que les contraintes de son calendrier risquaient de l’empêcher d’être présent à ce déjeuner. Le Général Luc de Rancourt nous a fait l’amitié d’accepter d’être notre invité d’honneur pour représenter l’Armée de l’Air & de l’Espace et je le remercie chaleureusement car il me semblait important de saluer à travers lui la contribution de tous les aviateurs militaires très sollicités lors des opérations de ces dernières années. Je vais vous le présenter et je reviendrai ensuite brièvement sur quelques temps forts de nos forces aériennes. Le Général de Rancourt est de la promotion 1985 de l’école de l’Air et après sa formation d’officiers et de pilote à Salon de Provence, il sera breveté pilote de transport en 1989. Il est alors affecté à Orléans sur C160 Transall durant cinq années avant de revenir à l’Ecole de l’Air en 1994 comme chef de brigade d’élèves officiers pendant deux ans. Il commande ensuite à Toulouse, de 1996 à 1999, la division des opérations spéciales puis il rejoint le Collège Interarmées de Défense. A l’issue de son année de scolarité, il est affecté à Evreux pour commander l’escadron de transport 1/64 Béarn de 2002 à 2004. Durant sa vie en unités il participe à de nombreuses opérations extérieures dont Daguet, Epervier, Courlis, Apronuc, Heraclès et Artémis. Il occupe ensuite le poste de chef d’état-major à l’European Airlift Center aux Pays-Bas avant de rejoindre le Royal College of Defense Studies à Londres en 2007. A son retour du RU il commande la BA d’Orléans Bricy de 2008 à 2011avant de rejoindre l’EMAA en qualité de Directeur de la transformation de l’armée de l’air puis chef de la cellule d’analyse du Major général. En 2013 Il est affecté au cabinet du ministre de la Défense comme adjoint air en charge de l’organisation et des ressources humaines. Il retrouve la vie opérationnelle en 2015 d’abord à Villacoublay comme général adjoint du COS puis à Paris en qualité de chef d’état-major du Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes. En 2019 il devient directeur adjoint au sein de la DG des relations internationales et de la stratégie avant d’être nommé IGA-A&E le 1er septembre dernier. Il totalise 5000 HDV et 164 missions de guerre ; il est Commandeur de la LH et de l’ONM et Médaillé de l’Aéronautique. Ce brillant parcours méritait d’être souligné et nous sommes très honorés de l’avoir à nos côtés aujourd’hui.
Comme vous le savez l’idée de s’élever dans les airs est aussi vieille que l’humanité mais cette entreprise n’a pas été chose aisée à concrétiser même si, dès la fin du 19ème, avec l’avènement « des plus lourds que l’air » des esprits visionnaires crurent au développement de la « locomotion aérienne ». Avec la création de l’Aéro-club de France en octobre 1898, la conquête de l’air était vraiment lancée et dès lors plusieurs associations virent le jour dont, en novembre 1920, celle des Vieilles Tiges qui regroupait des pilotes brevetés « aviateur » avant le 2 aout 1914. Ses statuts furent enregistrés à Paris en novembre 1922 et, reconnue d’utilité publique le 25 août 1926, elle aurait pu ne pas survivre au dernier de ses adhérents si les fondateurs n’avaient pas prévu la possibilité que l’association puisse continuer ses activités pour une durée illimitée grâce à l’admission de brevetés après le début de la Grande Guerre. Les Vieilles Tiges, surnom donné aux 13 aviatrices et 1741 aviateurs, civils et militaires, dont le plus âgé en 1922 avait 41 ans et les plus jeunes 22 ans, ont transmis depuis lors aux jeunes générations les valeurs de courage et d’enthousiasme propres à la grande famille des aviateurs. Joseph Frantz, 1er à avoir remporté une victoire aérienne avec son mécanicien Louis Quenault et successeur en 1963 de Léon Bathiat, a d’ailleurs donné une explication au nom de baptême retenu pour notre association en expliquant qu’une « Vieille Tige » est une tige qui a porté une fleur, puis la fleur est tombée, mais la tige est toujours restée vivante.
Cette amicale de pilotes et amis de l’Aviation, reste avant tout le symbole de la spécificité du rôle de l’avion qui a conduit des hommes et des femmes animés d’une même passion à relever le défi de la maîtrise de la troisième dimension. Pour marquer le centenaire de notre naissance j’avais rédigé un Pionniers hors série pour valoriser le patrimoine légué par nos ainés et cet ouvrage permet aux passionnés de revivre les riches heures de notre passé aéronautique construit au fil des décennies par des pilotes d’exception mais aussi par toutes celles et ceux qui ont contribué au développement de notre industrie et au rayonnement de nos ailes. N’hésitez pas à nous le commander, il nous en reste quelques exemplaires.
Rassurez-vous je ne vais pas passer en revue les différents records des aviateurs et aviatrices ni le développement de notre transport aérien civil et militaire ou encore les prouesses techniques de nos constructeurs mais notre nation peut s’enorgueillir d’avoir été une pépinière de pionniers avec tout d’abord Clément Ader qui, le 9 octobre 1890, fera avec Eole un 1er envol suivi d’un autre à Satory le 14 octobre 1897 avec son avion N°3 ce qui fera d’ailleurs dire au Général de Gaulle que c’était lui qui, 6 ans avant Orville Wright, avait décollé le premier avec sa propre propulsion. Ajoutons que ce visionnaire, nationaliste convaincu, avait énoncé une phrase prophétique « Sera maître du monde qui sera maître de l’air ».Au début du XXe siècle les fous volants avec leur « cage à poules » ont suscité rapidement l’engouement des foules et de nouvelles machines virent le jour grâce au soutien de généreux mécènes et à l’ingéniosité d’industriels. Louis Blériot franchissait la Manche le 25 juillet 1909, Henri Fabre avec son « hydroaéroplane » fut le premier à décoller de l’étang de Berre et à s’y poser le 28 mars 1910, Adolphe Pégoud, 1er As recensé, se lança dans l’acrobatie aérienne en 1913 et Roland Garros traversa la Méditerranée le 23 septembre.
Rappelons-nous qu’au début de la GG l’arme aérienne n’existait pratiquement pas, que les états-majors s’interrogeaient sur l’utilité des avions en dehors du guidage de l’artillerie et que les rares aviateurs qui appartenaient à l’armée de terre avaient obtenu leur brevet de pilote dans le civil sachant que la majorité d’entre eux provenaient de milieux aisés. Le bilan de l’aviation militaire est impressionnant : le personnel de 3500 H en 1914 est passé à 90000 H en 1918, 16458 pilotes et 2000 observateurs furent brevetés mais on déplora 5533 victimessoitprès de30% du PN dont il est vrai un certain nombre en école. Alors qu’on dénombrait 232 avions au front en 14 il y en avait 3737 à la fin du conflit avec des performances en moyenne multipliées par 5. Cela laisse rêveur d’autant qu’à l’époque la dizaine de constructeurs (Voisin, Farman, SPAD, Hanriot, Blériot, Bréguet, Amiot, Nieuport, Morane Saulnier et Caudron), souvent eux-mêmes pilote de leurs prototypes, ont profité de la guerre pour stimuler leur production puisqu’environ 51700 avions ont été produits durant la guerre avec une cadence de fabrication de 100 avions / mois en 14 et de 2800 / mois en 18. On ne serait être complet sans évoquer les As, figures mythiques de l’aviation naissante qui avait besoin de se forger une identité et une légitimité. Ces 187 As français (5 victoires aériennes homologuées) auraient eu beaucoup de mal à imaginer qu’aujourd’hui le combat aérien a totalement changé de nature car avec la guerre en réseau et les missiles air-air autonomes de très grande portée, l’adversaire est invisible à l’œil nu du pilote de chasse alors que les pionniers, qui avaient besoin d’un bon coup d’œil et d’une grande dextérité pour surprendre l’ennemi, considéraient que le blindage d’une section de l’hélice permettant de tirer sur l’adversaire avec la mitrailleuse dans l’axe de l’avion, était déjà un progrès considérable. Ce procédé révolutionnaire est attribué à Roland Garros.
Après l’armistice nombre de pilotes démobilisés gardèrent la nostalgie de cette période héroïque et fin 1920 certains d’entre eux sous l’impulsion de Léon Bathiat, Joseph Frantz, Joseph Sadi-Lecointe et Paul Schneider décident de former Les Vieilles Tiges, amicale de pionniers qui avait réalisé le rêve d’Icare en apportant à l’aviation naissante leurs idées, leur expérience, leur argent et leur héroïsme. Elle s’était fixé pour objectifs principaux, outre l’entraide, la propagande et la diffusion de la flamme aéronautique chez les jeunes afin de perpétuer la vocation pour la carrière des ailes. A cette époque héroïque au siège de l’association installé dès 1926 au restaurant « 1’Orée du Bois de Boulogne » dans le 16ièm arrondissement de Paris, les pionniers échangeaient dans une atmosphère conviviale sur les joies du pilotage, les records, l’avenir de l’aviation mais aussi sur les amis disparus. On pouvait d’ailleurs admirer dans la salle de réunion des portraits et des tableaux permettant de se remémorer les premiers envols de pilotes audacieux à bord de frêles aéroplanes depuis les champs d’aviation. L’Association tiendra ses conseils d’administration et accueillera les visiteurs Porte Maillot jusqu’au 16 décembre 1999, où un incendie criminel détruira le local et une grande partie de nos archives. La Mairie de Paris relogera ensuite temporairement l’association qui s’installera dans divers locaux avant d’être accueillie en 2018 au sein de l’Aéroclub de France.
Il faut aussi se souvenir que pour renforcer l’efficacité des actions visant à l’amélioration des conditions morales et matérielles des membres de la famille aéronautique, les Vieilles Tiges firent partie en 1937, aux côtés des Vieilles Racines et des Ailes Brisées, des dix associations fondatrices de l’Union des Œuvres de Bienfaisance de l’Aéronautique.Durant la seconde guerre mondiale l’Association des Œuvres de l’Air prolongera l’action de l’Union de Bienfaisance en accompagnant la création de l’Ecole de Pupilles de l’Air à Grenoble.
A la fin de l’année 1960, même si la flamme et la passion avaient été entretenues, il ne restait plus que 168 survivants parmi les 1754 pilotes brevetés avant la première guerre mondiale et ce dernier carré qui avait fait de l’aviation la passion de toute leur vie décida de continuer à faire vivre l’association en accueillant officiellement les jeunes pilotes aux côtés des grands anciens puis tous les navigants. Parallèlement dès les années cinquante l’Association avait créé des groupements régionaux (10 aujourd’hui) portant le nom de baptême d’un aviateur célèbre du cru et elle s’ouvrira progressivement à plusieurs catégories d’adhérents ayant des activités en rapport avec les différents secteurs de l’aéronautique civile et militaire, tout en respectant les objectifs fixés par les fondateurs. Ces membres sont respectivement : les pionniers ; les actifs ; les associés ; les membres d’honneur et les membres bienfaiteurs. Une « caste » à part est constituée par les pilotes du demi-siècle qui sont titulaires d’un brevet de plus de 50 ans et dont les qualifications sont toujours valides. Nos membres perpétuent aujourd’hui les causes chères aux fondateurs en faisant vivre leur mémoire, en diffusant la culture aéronautique et en développant des liens de solidarité. Parallèlement, afin que les « Vieilles Tiges » refleurissent et se perpétuent, les groupements tentent d’attirer des jeunes via l’attribution de bourse ou par un accompagnement du type parrainage en les informant sur les possibilités de formation et d’évolution dans les différents métiers liés à l’aviation civile et militaire.
L’association fête donc cette année le centenaire de ses statuts mais faut-il rappeler que l’année 2020 restera pour l’ensemble du monde aéronautique une « annus horribilis » puisque près de 90% de la flotte mondiale d’avions a été clouée au sol entrainant des pertes financières colossales suivie d’une reprise assez difficile pour l’ensemble du secteur. En garantissant un prêt de plusieurs Mds d’€ à Air France pour renforcer sa compétitivité, l’Etat lui a aussi permis d’accélérer la fin de l’exploitation de ses A380 plus gourmand en carburant par siège que les appareils long-courriers de nouvelle générationet d’étudier le remplacement progressif des A320 par un avion court et moyen courrier qui consommerait 30% de moins. Pour notre Cie nationale les perspectives ont commencé à s’éclaircir suite à la signature mi mai avec CMA CGM (3ièm armateur mondial), d’un partenariat stratégique majeur de long terme dans le fret aérien, lequel devrait permettre aux deux groupes de construire une offre plus compétitive de croissance durable avec la mise en commun de leurs réseaux cargo et services dédiés. Il faut simplement espérer qu’une nouvelle vague Covid ne stoppera pas son élan et que l’audience des partisans de l’aviation-bashing s’estompera face aux réalités dès lors que l’aviation ne représente qu’environ 3% des émissions de CO². On peut toutefois en douter puisqu’encore récemment une association écologiste a tenté de faire annuler le show aérien avec la PAF à Perros-Guirec et qu’un parti politique demande l’interdiction des jets privés en donnant en pâture les noms de quelques grands capitaines d’industrie français. A ce sujet je voudrais en profiter pour rappeler que le transport aérien n’a pas attendu la crise sanitairepour se pencher sur les enjeux environnementaux car il y a bien longtemps que nos industriels construisent des avions avec le souci de réduction de l’emprunte carbone et qu’ils cherchent à mettre au point des avions électriques pour des petits trajets avec un faible nombre de passagers ainsi que des avions hybrides. A noter qu’en 2015 un avion électrique développé par Airbus a déjà traversé la Manche avec un pilote et un passager et que début 2019 la FFA a expérimenté en aéroclub l’apprentissage du pilotage de l’Alpha Electro. Aujourd’hui elle dispose de 6 Velis Electro et fin aout elle en a mis un à disposition de l’aéroclub de Royan pour des vols découverte au profit des équipiers de l’EAJ de la BA de Saintes. On peut donc espérer que d’ici quelques années l’autonomie sera suffisante pour remplir la plupart des missions proposées par nos aéroclubs. Aussi il me semble injuste que l’aérien soit la cible, voire l’otage de certains idéologues surtout quand on prend également en compte les efforts faits par les Compagnies aériennes.
Parallèlement au plan de soutien mis en place par le gouvernement au profit du secteur industriel aéronautique confronté aux baisses de commandes, un fonds d’investissement réunissant Airbus, Safran, Dassault et Thalès a accompagné les transformations ainsi que la compétitivité des PME, tout en favorisant la « décarbonation » de cette industrie.
Dans ce contexte on peut se réjouir pour les avionneurs européens, confrontés en 2020 aux baisses ou annulations de commandes, de l’excellent bilan du Salon de Dubaï en novembre 2021 pour les ventes d’ATR et d’Airbus, société qui vient encore d’enregistrer une belle commande de 80 avions de la famille A320neo par BOC Aviation, loueur basé à Singapour. Si les avionneurs ont su fait preuve de résilience lors de la crise sanitaire pour pouvoir répondre le moment venu aux besoins de renouvellement de flottes des compagnies aériennes il n’en reste pas moins vrai qu’Airbus a dû revoir à la baisse le nombre de ses livraisons prévues pour 2022 car les sous traitants manquent aujourd’hui de main d’œuvre et des pénuries en pagaille touchent toute la chaîne de production.
Il faut signaler également la vente l’an passé de 110 Rafale (18 dont 12 d’occasion à la Grèce, 12 d’occasion à la Croatie et 80 aux EAU). Cette très bonne nouvelle pour nos industriels et pour les emplois induits par cette dernière commande, est en revanche, j’imagine un réel souci pour le CEMAAE car les Rafale d’occasion seront prélevés sur son parc aérien alors que l’ère du tout Rafale est encore loin et qu’il faudra aussi développer d’autres standards afin d’améliorer en particulier les capacités dans le champ de la connectivité. Cela risque de mettre en difficulté notre propre défense dans l’environnement d’insécurité actuel car il ne faut pas oublier le rôle majeur pour le soutien à l’export joué par l’AAE qui accompagne les marchés par des actions de formation des mécaniciens et des pilotes.
L’histoire de l’aviation militaire a été marquée par diverses inventions technologiques majeures et aujourd’hui les drones font incontestablement partie intégrante de celles-ci. Utilisés au Levant contre Daesh puis au Sahel contre les groupes djihadistes armés ils s’avèrent désormais incontournables pour la préparation et la conduite des opérations militaires. Pour ce qui concerne l’actualité récente de l’Armée de l’Air et de l’Espace j’ai retenu pour ma part quelques évènements significatifs de ses capacités. Tout d’abord l’opération APAGAN déclenchée mi aout 2021pour exfiltrer près de 3000 personnes d’Afghanistan, puis le redéploiement de janvier à mi aout 2022 de la force BARKHANE après 9 ans de présence au Mali. Dans ces 2 opérations, qui ont constitué un réel défi logistique pour nos armées en général, les Transporteurs (vos frères d’arme Mon Général) se sont particulièrement illustrés. Quant au conflit russo-ukrainien, dont les conséquences humaines et économiques sont très graves, il devrait inciter l’Europe à adapter en profondeur ses mesures de sécurité pour faire face à cette nouvelle menace. Pour sa part la France a augmenté la participation de ses Awacs dans le ciel des pays européens de l’Otan, déployé 4 Mirage 2000 pour effectuer depuis l’Estonie la protection du ciel balte pendant 4 mois et des Rafale font la police du ciel en Pologne. On peut donc constater que notre pays manifeste bien sa solidarité aux Ukrainiens tout en rassurant nos alliés voisins de la Russie.
Un dernier mot à propos du projet franco-allemand de système de combat aérien du futur composé d’un avion de chasse de nouvelle génération et de plusieurs drones d’accompagnement, qui, s’il aboutit, ne donnera pas lieu à des livraisons avant 2040. Le SCAF semble être bien lancé puisque l’objectif est de faire voler un démonstrateur à l’horizon 2027 et que les chefs d’état-major de l’armée de l’air allemande, espagnole et française ont réussi à s’entendre sur des besoins opérationnels communs mais encore faudra-il s’accorder sur les conditions d’un accord industriel entre Airbus et Dassault Aviation ainsi que sur la politique d’exportations entre nations partenaires. Par ailleurs la Luftwaffe va faire l’acquisition de 35 chasseurs F35 US pour remplacer ses Tornado vieillissants et même si le choix allemand ne semble pas remettre fondamentalement en cause le SCAF, il pourrait cependant le fragiliser d’autant que d’autres pays européens ont déjà passé commande à Lockheed Martin de F35 (Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Norvège et Pologne).
Ces quelques réflexions n’avaient d’autres buts que de vous sensibiliser aux problématiques actuelles de l’AAE et de nos industriels mais dans le contexte actuel il est bon de se rappeler qu’il faut en permanence moderniser nos forces aériennes et bien les dimensionner pour disposer d’une capacité apte à garantir la sécurité de notre espace aérien tout en assumant nos engagements vis-à-vis de nos alliés. J’ajouterai qu’aujourd’hui dans les conflits de haute intensité rien ne peut être engagé sans avoir recours aux moyens aériens pour garder la maitrise de la 3ième dimension mais je pense que vous n’en doutiez pas.
Mesdames et messieurs, vous savez comme moi, que les défis qui s’annoncent pour l’aéronautique sont immenses et très éloignés des soucis des « faucheurs de marguerites » mais ils sont tout aussi exaltants car ils vont faire avancer la recherche et surtout, espérons le, recréer de l’emploi dans ce secteur.
Pour terminer, alors que le CEMAAE vient d’inaugurer au Musée de l’A&E du Bourget le Mémorial des Aviateurs, je voudrais vous dire que nous réalisons combien le devoir de mémoire envers nos anciens est important car depuis plus de cent ans des générations d’aviateurs ont contribué à écrire les plus belles pages de notre histoire aéronautique et nous partageons avec eux les mêmes valeurs et c’est la raison pour laquelle les Vieilles Tiges ont besoin de l’engagement à leurs côtés de tous les aviateurs civils et militaires ainsi que celui de tous les sympathisants de la grande famille aéronautique afin que nous puissions continuer à faire vivre notre association.
Je vous remercie de votre attention et je cède la parole au GAA de Rancourt de Mimerand.
Claude Le LOUARN
Claude Le LOUARN Figure emblématique des Pompiers du Ciel, notre camarade du Groupement Marc AMBROGI, a pris son dernier envol samedi 6 Août au matin…
A tous les siens nous adressons nos condoléances émues.
Ce lien cliqué vous dira quelques mots sur lui:
Le 21 Juin 2022
Le 21 Juin 2022, sur la Base Aérienne 118 « Colonel ROZANOFF » à MONT de MARSAN, a eu lieu la commémoration du 80ème Anniversaire de la création du Groupe de Chasse 3 « NORMANDIE ».
Une journée mémorielle dans la ferveur et l’humilité, l’occasion de montrer que les « Rayak » d’aujourd’hui sont pétri des traditions générées par leurs grands anciens. Dans la discrétion, ils ont magnifiquement décoré un Rafale du Régiment dont les deux faces de la dérive citent les disparus dans l’ordre chronologique.
Un reportage sur le Régiment, ses traditions, sa cohésion a été réalisé. Le voici:
Et à la Chasse B…. ! Et Mort aux c…!
Prix Lino VARNIER 2021
Le 3 Juillet dernier, lors de son assemblée générale annuelle, en présence du Général Yves Riondet, Président National des Vieilles Tiges, Le Groupement varois « PIERRE POUYADE » a remis, comme chaque année, le prix Lino VARNIER.
Lino VARNIER, pilote privé varois passionné, qui nous a quitté il y a quelques années, a durant toute sa vie de pilote mis au profit de son aéroclub et de ses amis ses possibilités pour aider…
Madame Anne VARNIER, en mémoire de son mari passionné d’aviation, participe généreusement au PRIX LINO VARNIER que le Groupement Pierre Pouyade remet au candidat sélectionné.
Les critères sont simples : Motivation, enthousiasme, rigueur dans la construction du projet professionnel, et… sourire ! En effet, l’humilité est un fondamental pour un pilote.
Après examen d’une lettre de motivation et entretien oral qualitatif, le lauréat se voit remettre un prix qui abonde directement son compte dans son aéroclub pour l’aider à continuer sa formation.
Lors de son cursus ultérieur, chaque fois que les Vieilles Tiges peuvent l’aider, elles répondent présent.
Cette année, c’est Jessica COLANGELO, élève pilote de Denis MARCHAL, instructeur à l’Aéroclub du VAR, qui remporte le prix.
Elle se destine à une carrière de pilote militaire.
Elle a fait l’admiration de tous par sa personnalité et la construction de son projet. A 19 ans, bac +2, il convient de la suivre !
Bravo Jessica, maintiens position !
Alex « Popov » ORLOWSKI
Tout le monde de l’aviation a entendu parler du capitaine Alex « Popov » ORLOWSKI, Commandant de l’Équipe de Voltige de l’Armée de l’Air.
Un grand garçon aussi souriant que sympathique qui cache bien son jeu: fin pilote de chasse, plusieurs fois champion du monde de voltige aérienne, gamin dégingandé souriant qui vient de faire une gentille farce , il me fait penser à Roland de la Poype aux grandes heures du Normandie-Niemen…
Il ne compte plus les titres de champion du monde de voltige, individuel, par équipe, unlimited, etc.
« c’est un extra-terrestre! » me confiait un copain commun, pilote de chasse sur Rafale et voltigeur également, après avoir gouté la double commande avec lui…
Ce fin pilote a subi une carafe moteur rédhibitoire dimanche dernier, sur un EXTRA 330 bi-place, avec son mécanicien comme passager.
Il a fait son job, tout simplement, il a posé le taxi dans un champ, et personne n’est blessé.
Si je veux en parler ici, c’est pour attirer l’attention de tous les pilotes, professionnels ou privés:
ÇA PEUT ARRIVER A TOUT LE MONDE !!!
Entrainez-vous: le jour ou ce sera votre tour, ce sera l’occasion de vous comporter en champion du monde !!!
Et admirez la trajectoire…
Hubert CHALLE
Le Colonel (h.) René Arléry
Officier de l’ordre national du Mérite, Médaille de l’aéronautique
René Arléry était depuis 1993 membres du groupement Léon CUFFAUT des Vieilles Tiges. Apprécié de tous, le général (2s) Yvon GOUTX, Conseiller du Président, nous en parle :
J’ai rencontré René Arléry il y a une bonne vingtaine d’années, lorsque j’ai été intronisé au « Tomato » par feu le Général Yves Grousset, en 1998. La présentation que ce dernier avait faite de moi, outre de faire rire l’assistance, avait poussé René à m’approcher. J’étais en tenue militaire et encore colonel. Me disant qu’il était colonel de réserve de l’armée de l’air, je lui ai présenté mes respects, vu notre différence d’âge, en un « Mes respects Mon Colonel » qu’il a rejeté d’un « Dorénavant, comme vient de le dire le président en vous accueillant, nous sommes amis ».
Au fil de nos rencontres mensuelles, je m’étais permis de le tutoyer mais lui a mis longtemps à y parvenir ayant appris à la fin 2000, que j’avais rejoint la voie lactée. C’est venu sur le tard, quand il a pris les responsabilités de trésorier du « Tomato »
J’avais appris qu’il était membre des « Vieilles Tiges » quand j’avais accepté d’être l’adjoint des Présidents Roger Routin puis Pierre Déprez. Nous nous étions probablement croisés à une ou deux occasions lorsque j’obtenais, grâce aux liens que j’avais gardés au cabinet du CEMAA, des places VIP au Salon du Bourget.
Mais c’est plus au « Tomato » que j’avais l’occasion d’échanger quelques mots lors des apéritifs précédant les déjeuners. Nous nous offrions alternativement, avec d’autres, un kir ou toute autre douceur. René était un homme cultivé qui restait simple et courtois. Il avait cette classe naturelle que beaucoup lui enviaient.
Il avait présidé la « Commission humanitaire » de l’Aéroclub de France. Ses qualifications, professionnelle de pilote et privé d’hélicoptère, lui conféraient les outils indispensables pour assumer cette « charge » en bénévole.
René donnait aussi beaucoup de son temps à l’ANORAA des Hauts-de-Seine, ce qui me donnait le plaisir de le revoir tous les ans, lors du « Memorial Day » et au 11 novembre, pour les hommages rendus aux pilotes du « La Fayette Flying Corps », ces Américains ayant donné leurs vies pour la Liberté, en rejoignant la Légion Etrangère et en combattant au sein d’escadrilles françaises dont la célèbre N-124, pendant la Grande Guerre. Ils reposent, pour la plupart, dans la crypte du Mémorial de l’Escadrille La Fayette, à Marnes-la-Coquette.
A ton tour de reposer en paix, Cher René. Tu vas nous manquer…
Yvon Goutx